Julien, pour ceux qui ne te connaîtraient pas, pourrais-tu te présenter ?
« Je m’appelle Julien Hamez, j’ai 26 ans. Ça fait maintenant deux ans que je suis intendant au club de Dunkerque. Je suis d’abord arrivé comme éducateur il y a cinq ans. Avant cela, j’ai entraîné à l’OGS où je m’occupais des U9 notamment. Ils cherchaient un éducateur à l’USLD et je suis arrivé en même temps que mon frère, Benjamin, qui est à Saint-Omer maintenant.
Comment es-tu arrivé à ce poste d’intendant ?
« En fait, je faisais souvent des fiches sur les équipes adverses, sur les statistiques, les couleurs de maillot, les schémas tactiques etc. A l’époque, j’entraînais le fils de Fabien Mercadal, je lui montrais mes fiches et un jour il m’a dit qu’il aimerait que je donne un coup de main en équipe première comme bénévole. J’ai accepté et l’année où il est parti, il m’a dit qu’il avait milité pour que j’ai un contrat et c’est comme cela que je suis arrivé à ce poste d’intendant. »
En quoi est-ce que cela consiste au quotidien ?
« C’est un peu un travail de l’ombre, car les gens ne voient pas forcément ce que tu fais. J’essaie en tout cas de faire mon mieux, notamment pour mettre le joueur dans les meilleures conditions possibles, que ce soit pour des démarches administratives quand il le faut, pour leurs équipements etc. Il faut savoir que quand un joueur arrive au stade, il n’a plus rien à faire : toutes ses affaires sont prêtes, ses crampons sont prêts. Il n’a plus qu’à se changer. Le jour de match, c’est pareil. L’autre partie du travail, c’est de préparer les déplacements, et notamment les repas ou les chambres d’hôtel. Le but c’est de mettre les joueurs dans les meilleures dispositions. »
Et un jour de match ?
« Il s’agit surtout de préparer les maillots de chacun, de répartir les chambres, les repas et puis tout ce qui est administratif comme la feuille de match, les invitations etc. »
Qu’est ce qui te plaît le plus dans ce métier ?
« C’est avant tout le contact avec les joueurs. En fait, j’avais l’opportunité de partir, mais la principale raison pour laquelle j’ai refusé, c’est que je n’aurais pas eu ce contact privilégié, cette proximité avec les joueurs. Aujourd’hui, un intendant qui n’est pas proche de l’équipe ou qui ne parle pas avec les joueurs, ça me semble compliqué. Il y a des joueurs qui me considèrent un peu comme un confident, qui me demandent ce que j’ai pensé de leur match par exemple. Ça arrive un peu moins cette année, mais ça arrive. »
Qu’est ce qui te plaît moins à l’inverse ?
« C’est le regard des autres. Beaucoup pensent que l’intendant pour une équipe première, c’est le larbin de service. Certains me disent que comme je m’occupe de nettoyer leur linge, je suis leur larbin. C’est cette image qui m’énerve alors que ce n’est pas du tout le cas. »
On entend beaucoup parler de toi en ce moment, mais pour d’autres raisons… Ton autre passion, c’est la musique ?
« J’ai toujours fait de la musique. J’ai 26 ans aujourd’hui et ça doit faire vingt ans que je fais de la trompette. J’ai fait un bac L musique au lycée du Noordover, puis je suis parti en licence de musicologie à Lille 3, car j’ai toujours voulu enseigner, ce que je continue à faire, notamment à l’école de musique de Téteghem, en plus de mon travail au club. »
Et te voilà tambour-major désormais…
« J’ai toujours fait le Carnaval et ça fait cinq ans que j’étais chargé du recrutement, avec trois autres personnes, des musiciens pour le Carnaval avec la ville de Dunkerque. Le tambour major de Téteghem est décédé l’année dernière et j’ai entendu qu’ils cherchaient quelqu’un originaire de Téteghem pour le remplacer. Ce n’est pas mon cas, mais comme je travaillais pour la ville et que je faisais partie de l’harmonie, j’ai pu proposer ma candidature. On était quatre ou cinq en lice de mémoire. J’ai envoyé mon CV et une lettre de motivation, les tambours-majors ont voté et ils m’ont choisi. Ça a ensuite été validé par la mairie et mon directeur de l’école de Musique. C’est comme ça que je suis devenu tambour-major ! »
Pour ceux qui ne connaîtraient pas le Carnaval, quelles sont les missions d’un tambour-major ?
« Comme je le disais la dernière fois, ce n’est pas le chef, mais c’est tout comme. C’est lui qui décide quand il veut un chahut, quand les cuivres jouent. C’est lui qui gère les arrêts pour ne pas que la bande soit trop en retard. C’est lui qui veille au respect des traditions du Carnaval, à la sécurité des Carnavaleux etc. C’est vraiment celui qui gère au moment de la bande. Ce n’est pas un travail du jour J, c’est un travail en amont. J’ai notamment repéré le parcours une semaine avant, pour faire attention, à la largeur des rues, aux travaux etc. »
Tu as été renommé Pich 1er, c’est comme ça que t’appelles les joueurs désormais ?
« Oui, tous les joueurs m’appellent Pich maintenant. Ils en rigolent. Pich, c’est parce que mon meilleur pote, qui était professeur de tambour et qui est décédé m’appelait toujours Pich et inversement. Mes frères m’appellent également comme ça. Lorsque j’ai été élu, ils m’ont demandé de faire une liste de dix noms. Ils voulaient quelque chose de différent et Pich a été validé. Les joueurs qui ne viennent pas de Dunkerque et qui ne connaissent pas le Carnaval ne comprennent pas. Ils nous prennent pour des fous ! »
Comment fais-tu pour concilier foot et Carnaval ?
« Pour l’instant, ça fonctionne ! Comme en National, on joue le vendredi soir, j’ai mon week-end de libre, même s’il m’arrive de passer le dimanche pour les lessives. j’en profite donc pour faire les bals le samedi, les bandes le dimanche, mais je veille à ne pas avoir trop de paillettes sur moi le lundi pour éviter de me faire chambrer. C’est une question d’organisation, il faut anticiper pour ne pas se laisser déborder ! Je veux qu’on pense que je suis capable de gérer les deux ! »