José-Karl Pierre-Fanfan : « Le match contre l’OM était dans toutes les bouches »

José-Karl Pierre-Fanfan : « Le match contre l’OM était dans toutes les bouches »

Publié le 21 janvier 2022
Formé à l'USL Dunkerque avec laquelle il aura lancé sa carrière professionnelle (1993-1997) avant de porter les couleurs du RC Lens, de l'AS Monaco, du Paris Saint-Germain ou encore des Glasgow Rangers, José-Karl Pierre-Fanfan se raconte dans #UnJourUnTribut sur ses souvenirs dans l'antre des Maritimes, et notamment sur l'emblématique Dunkerque - Marseille de 1995. Entretien.
Photo actualités

José-Karl, toi qui a très bien connu Tribut dans tes jeunes années et en tant que professionnel dans les années 90, qu’est-ce que ça te fait de le voir, aujourd’hui, dans un état flambant neuf ?

Déjà, c’est une joie de voir que l’USL Dunkerque continue d’évoluer. Il y a toujours un « pincement » au cœur car, dans les stades, on a tous des souvenirs qui sont imprimés. C’est une page qui se tourne, mais cette page, elle se tourne pour aller de l’avant et ça, c’est positif. Je suis content de voir que les installations actuelles mises à disposition sont tops, à la fois pour les joueurs mais surtout pour les supporters. Ils peuvent de nouveau venir à Tribut pour encourager l’équipe. Tout est propice à de bons résultats !

La nouvelle tribune de Tribut porte désormais le nom d’Alex Dupont, sous les ordres duquel tu as évolué pour la première fois en « pro », à Dunkerque…

C’est un magnifique hommage. Sur un plan individuel, j’ai connu mes plus belles années de footballeur sous l’ère d’Alex Dupont. Il est clair qu’il méritait ça parce que son passage au club a été l’un des plus marquants. C’était un pur enfant de Dunkerque, donc il avait ce club dans les tripes et cette capacité à nous transmettre l’importance et les valeurs de ce club, de cette ville et de toute une région. Il incarnait le club, en quelque sorte, et qu’il reste dans les mémoires de tous, c’est très important.

« Pour aller sur la pelouse de Tribut, il fallait cravacher sur le petit terrain » – José-Karl Pierre-Fanfan

Quel est le premier… et le meilleur souvenir qui te reviennent en tête quand tu penses à Tribut ?

Quand je pense à Tribut, justement, il y a toujours ces couleurs bleues et blanches qui me sautent aux yeux mais surtout, dans un premier temps, je me revois sur le terrain d’à-côté (il rigole) ! C’est ça qui est incroyable… C’est toujours ce qui me marque car, même quand j’y retourne, je me rappelle que pour aller sur la pelouse de Tribut, il fallait cravacher sur le petit terrain, qui a été rouge et qui est devenu synthétique. C’est vrai que mes premiers souvenirs sont plutôt là parce que l’environnement était marquant.  Quand j’arrivais à Tribut, j’étais impressionné par le stade. Il y avait une impression de grandeur et de respect car je rentrais dans un univers professionnel.

Après, mon meilleur souvenir, c’est bien évidemment ma première titularisation en « pro » et ce match contre l’Olympique de Marseille.

Justement, quand on parle de Tribut, ce match face à l’OM, en 1995 (2-2), est souvent cité par les supporters ou les anciens de l’USL Dunkerque !

Déjà, on en parle par rapport à Marseille et tout ce que peut représenter l’OM ! Ça reste le seul club à avoir gagné la coupe aux grandes oreilles et les titres les plus importants du football français. Même si c’était une période plus délicate pour eux, ça restait l’Olympique de Marseille et il y avait toujours ce fantasme parce que c’était l’ogre du championnat, avec l’ambition de monter et un effectif XXL.

C’était un vrai événement de les recevoir et il avait fallu faire un espèce de tribune de « fortune » pour répondre à l’énorme demande et permettre un maximum d’accès. Je pense que c’est l’un des matches qui a suscité le plus d’engouement et d’enthousiasme dans la ville et dans la région. Le fait d’y participer, c’était juste exceptionnel.

Moi, je m’entraînais souvent avec les « pros », je faisais parfois des bancs, mais la majeure partie de mon temps, je le passais avec la réserve. Je n’étais pas encore vraiment impliqué dans l’équipe première. Quand tu as l’habitude de jouer avec la réserve, devant une centaine de spectateurs, et que là tu te retrouvais devant un stade plein et une ambiance folle… C’est vrai que c’était impressionnant et incroyable parce que ce match-là était dans toutes les bouches.

« Les supporters doivent maintenant reprendre le flambeau » – José-Karl Pierre-Fanfan

Aujourd’hui encore, beaucoup continuent de parler de ce match…

Très souvent. Quand je passe à Dunkerque, c’est un souvenir qui reste mémorable de par l’affiche, mais surtout l’ambiance incroyable qu’il y a eu dans Tribut. De recevoir un gros du championnat dans cette ferveur, tout était réuni pour que cela soit inoubliable et gravé dans les mémoires de tous !



Fabien Barthez, gardien de l’OM, lors de Dunkerque – Marseille en 1995 (2-2)

Quand on se souvient d’un Tribut avec une telle ambiance, qu’as-tu envie de dire au peuple de Dunkerque ?

Évidemment, je comprends cette prudence vis-à-vis des restrictions et de la pandémie parce que nous vivons vraiment quelque chose d’inédit. Mais au-delà de ça, le joueur n’est rien sans ses supporters, et encore plus à Dunkerque. Il a besoin d’eux car il se bat pour ses supporters, pour son club, pour son maillot, pour son écusson. Savoir qu’il a derrière lui un douzième homme, ça va lui donner un supplément d’âme. Face à Marseille, qui avait une équipe qui lui permettait de jouer les premiers rôles, Dunkerque avait ce supplément d’âme grâce aux supporters.

De toutes les saisons que j’ai jouées à Dunkerque, heureusement qu’il y avait ce public de Tribut. Aujourd’hui, avec les rénovations et les conditions idéales, il faut que le monde revienne pour amener ce supplément d’âme aux joueurs qui sont, pour le moment, en difficultés. C’est le Nord, il y a de la solidarité et c’est pour ça que les joueurs ont besoin des supporters ! Il faut que Tribut soit pris par le public. Souvent, quand je discute avec des anciens qui ont joué contre Dunkerque, ils me répètent à chaque fois que c’était dur de jouer à Tribut et que c’était l’enfer. Il y avait une ambiance, une atmosphère qui se dégageait.

Les supporters doivent maintenant reprendre le flambeau et faire en sorte de montrer aux adversaires que sur le terrain, comme en tribunes, ce sera la tempête !

Par Lucas Obin

Crédit photo : Souvenirs foot dunkerquois