Coach, trois jours après la victoire face au Havre AC (1-0), quelle analyse tactique faites-vous de cette rencontre ?
Tout d’abord, nous tenons à rester humbles, parce qu’on voit que cela ne tient à rien. En début de saison, nous avons fait de bons matches mais, à l’image de Niort, de Sochaux ou de Nîmes, les poteaux étaient contre nous. Depuis les deux derniers matches, au contraire, ça nous sourit grâce à l’état d’esprit du groupe qui force la chance. Le match s’est déroulé comme on le souhaitait, face à une très grosse équipe, notamment dans la valeur individuelle des joueurs et dans son aspect chirurgical avec un plan de jeu assez direct. Leurs joueurs tournaient beaucoup autour de Khalid Boutaïb mais également de Victor Lekhal et Amir Richardson, qui sont des bonnes rampes de lancement, sans oublier leur défense solide.
On avait fait le choix d’un système de jeu approprié à cette équipe du Havre AC dans l’objectif de couper leur jeu direct, notamment en fermant l’intérieur. Le but était de les contenir le plus possible. Ensuite, nous voulions essayer d’avoir un point de fixation derrière leurs milieux défensifs afin de pouvoir prendre de la vitesse sur les côtés. Il fallait donc trouver un bon équilibre entre bien défendre et bien attaquer. Parfois, les planètes sont alignées et, ce samedi, le match s’est déroulé comme nous le souhaitions.
Ce match, vous avez d’ailleurs dû le suivre depuis les tribunes, ce qui vous a permis de voir des choses que, sur un banc, vous n’auriez probablement pas pu voir…
C’est vrai que c’était très frustrant pour moi, car je suis vraiment acteur de la préparation des matches, chaque semaine. Mais, au final, j’ai essayé de prendre positivement le fait d’être dans la tribune. Je tiens, tout d’abord, à féliciter le travail de mon staff, car avec les oreillettes, ce n’est jamais évident de faire passer les consignes. Être en tribune m’a permis de voir des choses différentes.
Par exemple, en première mi-temps, j’ai pu voir que nos lignes de défense et du milieu de terrain n’étaient pas assez rapprochées, vers le haut comme vers le bas. Nous avions décidé de défendre en 4-3-3, voire même en 4-5-1 et d’attaquer en 4-2-3-1. C’est vrai que, en défense, il fallait être très serré pour ne laisser aucun espace à leurs attaquants, autour de notre sentinelle. Être en tribune permet donc de voir le déroulement d’une rencontre d’un œil différent, même si je trouve ça difficile de ne pas pouvoir transmettre mon adrénaline aux joueurs.
Au coup d’envoi, vous aviez décidé, avec le staff, d’aligner une défense à quatre ainsi que Bilal Brahimi en soutien de Malik Tchokounte. Était-ce un choix tactique par rapport à l’équipe du Havre AC ?
L’objectif du match était de défendre en 4-5-1 pour avoir la garantie d’une sentinelle, qui était Mario-Jason Kikonda, pour permettre à nos défenseurs centraux de bien s’engager dans les duels, dans les courses ou dans les décrochages des attaquants adverses. Cette sentinelle permettait de faire des prises à deux et pouvait se mettre dans la couverture d’Adon Gomis et d’Alioune Ba. Ce qui n’était pas évident, c’était de se déformer en phase offensive, avec, à ce moment-là, une relance avec deux milieux défensifs ainsi que Bilal Brahimi dans le dos des deux numéros 6 adverses. Son rôle, défensivement, était de beaucoup monter, avec Leverton Pierre, sur Victor Lekhal et Amir Richardson, tout en laissant Mario-Jason Kikonda tourner autour de notre défense.
Offensivement, l’objectif était vraiment de déformer complètement cette organisation, pour laisser nos milieux défensifs jouer sur leurs points forts, à savoir des passes qui cassent les lignes. Bilal Brahimi, lui, avait la mission de jouer dans l’interligne afin de lancer nos attaquants. La défense à quatre, elle, nous a permis de compter sur nos deux latéraux afin de fermer les côtés.
En fin de rencontre, le choix des remplacements s’est porté, dans un premier temps, sur la sortie de Kévin Rocheteau et Désiré Segbe plutôt que Malik Tchokounté qui a, lui, fini avec des crampes !
Notre défense était très serrée et il y avait beaucoup de monde à l’intérieur. En changeant de système, nous aurions perdu notre force sur les côtés en passant à trois derrière. Au contraire, on a voulu renforcer la pression sur les côtés en fermant le plus haut possible les couloirs avec les entrées de Marco Majouga et de Mohamed Ouadah. Je voulais vraiment qu’ils pressent rapidement sur les côtés, qu’ils couvrent dans le dos nos latéraux et qu’ils mettent beaucoup de vitesse dans les contres pour marquer le deuxième but, ce que nous avons été proches de faire puisque les deux sont parvenus à se procurer une occasion.
L’objectif était aussi de ne pas perdre Malik Tchokounté trop tôt dans le match, car nous savions que sur coup-de-pied arrêté, sa taille allait être très importante.