Bonjour José. Pouvez-vous vous présenter, nous parler de votre parcours et présenter votre rôle au sein du club ?
J.P. : « Je m’appelle José Pedrera, j’ai 74 ans, c’est ma troisième année à Dunkerque depuis que je suis revenu, avant je jouais et entraînais à Dunkerque. J’ai commencé à jouer à Dunkerque à l’âge de 14 ans en 1962, j’y ai fait toute ma jeunesse jusqu’à mes 20 ans où à ce moment-là j’ai préféré suivre mon entraîneur Jean Parisseaux qui a entraîné les professionnels d’Hazebrouck. C’est notamment dans ce cadre-là que j’ai pu disputer mes premiers matchs en professionnel en deuxième division jusqu’en 1978. Ensuite, je suis parti à St Omer pour jouer en National 3 où je suis resté pendant 3 ans, mais j’ai dû me rapprocher de mon travail, ma femme et mes enfants, car cela devenait trop compliqué. J’ai donc signé à Grande-Synthe plutôt pour m’amuser avec mes copains qui travaillaient avec moi. À ce moment-là, le club m’a proposé d’être entraîneur, j’ai dit oui pour 3 mois le temps qu’ils trouvent quelqu’un d’autre, mais finalement ça m’a plu et j’ai passé tous mes diplômes. J’ai donc repris l’équipe de Grande-Synthe avec laquelle nous sommes montés jusqu’en division d’honneur. Et puis pour un tas de raisons, j’ai abandonné au bout de 7 ans et je suis retourné à Dunkerque où je me suis occupé des jeunes pendant 1 an. Après s’ensuit un enchaînement de différents clubs: Gravelines, Dunkerque avec les professionnels le matin et les sports-études l’après-midi, Grande-Synthe, Hazebrouck où j’ai entraîné la National 3 ou encore Loon-Plage. Je suis revenu l’année dernière à Dunkerque où je me suis occupé des U17 Nationaux avec Jean-Charles pour donner des conseils et apporter mon expérience à cette équipe. Et maintenant je m’occupe de la formation des jeunes jusqu’à 13 ans par le biais de Jocelyn Blanchard. Mon rôle est plutôt de conseiller les éducateurs, regarder ce qui va et ce qu’il ne va pas. Et pour l’instant tout se passe bien, j’espère que cela va rester ainsi. »
Quel type de football préférez vous parmi tous ceux que vous avez pu voir ou pratiquer ?
J.P. : « Il y a deux pays de football que j’aime particulièrement, il y a les Anglais d’un côté, mais c’est vrai que de par mes origines, je suis très attiré par le football espagnol. Pour moi le football, c’est la technique, c’est l’intelligence de jeu, la bonne passe au bon moment ! Je viens d’une famille où le football est omniprésent, et ce, depuis ma naissance. C’est ma seule passion, j’ai ma famille et le football ! Donc ce que j’aime dans le football espagnol, c’est que si vous gagnez un match, mais que les joueurs n’ont pas bien joué, les supporters ne vont pas fêter cette victoire car c’est la technique qui est davantage importante et c’est le seul pays qui fait ça. En France, les joueurs jouent mal, tout le monde est content. Quand on dit que le football a changé je ne suis pas d’accord, ce qui a changé, c’est que l’aspect athlétique, les joueurs de maintenant ont 25 ou 30 kg de muscles que nous n’avions pas. La force et la puissance ont changé mais pas la technique. Je peux très bien du haut de mes 74 ans montrer tous les gestes techniques sans problème. Il y a également une différence avec aujourd’hui c’est que dès qu’on avait une heure de libre on prenait un ballon et nous allions jouer au football personne ne nous disait ce qu’il fallait faire, c’était naturel. Et je pense personnellement que guider les joueurs comme on le fait n’est pas bon car cela perd du naturel que les joueurs avaient autrefois. Quoi qu’il arrive pour moi c’est la technique et si les enfants n’ont pas la passion du football ils n’y arriveront pas, comme pour les entraîneurs s’ils sont passionnés ils transmettront leur passion sinon non. »
Vous avez entraîné beaucoup de jeunes, quels souvenirs gardez vous de toutes ces années ?
J.P. : « J’ai toujours une certaine satisfaction à entraîner les jeunes car j’ai toujours eu de bons résultats dans toutes les catégories que j’ai pu entraîner. Et pour une petite anecdote, il y a souvent des personnes qui m’interpellent dans la rue et qui me disent: “José Pedrera, tu ne me reconnais pas ?” Et ce sont toujours des anciens joueurs qui me reconnaissent et qui me disent qu’ils sont très heureux de me revoir et cela me fait plaisir, et je suis très touché quand ils me disent que j’étais un bon entraîneur. J’ai fait beaucoup de sacrifices pour le football qui n’en étaient pas vraiment car le football c’est ma passion, mais j’ai eu des périodes difficiles tout de même. »
Vous êtes passé de joueur à entraîneur à responsable de l’école de football de l’USLD, comment se sont passées les transitions entre toutes ces étapes, laquelle vous à la plus marquée et pourquoi ?
J.P. : « En tant qu’entraîneur, la période qui m’a le plus marqué c’est la première année où j’ai commencé à entraîner car c’était une aventure pour moi et je pense que c’est là que j’ai appris mon métier d’entraîneur même si c’était un petit club. Je suis passé de joueur à entraîneur sans formation et je me souviendrai toujours des entraînements que je faisais où je leur demandais de me suivre et on faisait du footing, du physique mais je n’avais aucun diplôme. J’avais une équipe de juniors et je voulais qu’ils jouent comme moi mais je me suis rapidement rendu compte que ce n’était pas la bonne solution. C’est lorsque j’ai perdu un match amical contre Bourbourg que je pensais facile que je me suis dit: « Je suis à côté de la plaque !”. C’est là que je me suis dit qu’il fallait que je me forme à ce métier.
En tant que jeune footballeur, mes meilleurs souvenirs sont à Dunkerque car j’y ai passé toutes mes jeunes années et en seniors c‘était à Hazebrouck en D2 on avait une très bonne ambiance au club. »
Une dernière question en peu plus générale, que peut-on vous souhaiter pour la suite ?
J.P. : « Ce que l’on peut me souhaiter pour la suite c’est continuer d’être capable de m’occuper des jeunes. Je veux continuer de pouvoir vivre de ma passion dans de bonnes conditions et que le club continue de me faire confiance. »