Benjamin Jaminon : « Casser les idées reçues sur l’arbitrage ! »

Benjamin Jaminon : « Casser les idées reçues sur l’arbitrage ! »

Publié le 31 octobre 2017
Au sifflet depuis près de quinze ans, Benjamin Jaminon est aujourd'hui en charge de tous les arbitres de l'USL Dunkerque. Véritable passionné, il aimerait initier un maximum de jeunes à l'arbitrage. Rencontre...
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  • Pour commencer, pourrais-tu te présenter ?

« Je m’appelle Benjamin Jaminon, j’ai 37 ans. J’ai commencé l’arbitrage en 2003-2004 comme candidat arbitre. J’ai débuté en District puis j’ai réussi l’examen d’arbitre de Ligue en 2006-2007. Je suis arrivé à l’USLD il y a six ans pour rejoindre un copain, Philippe Herchin. J’étais à la recherche d’un club, car l’AS Houtland, mon club formateur, était en difficulté. »

  • Avant de devenir arbitre, tu as été joueur ?

« Jamais ! J’ai un parcours un peu atypique, je n’ai jamais connu le monde amateur du football. Pour moi, le foot c’était dans le quartier sur le city-stade à Saint-Pol. Chemin faisant, j’ai ressenti comme un manque de n’avoir jamais joué en club et de savoir ce que j’aurais pu donner. Il y a presque quinze ans sortaient les premières publicités de la Fédération Française de Football qui recherchait 25 000 arbitres. Et sur indication de ma compagne, j’ai décidé de me lancer dans l’aventure et je me suis pris au jeu. »

  • Donc, on n’a pas forcément besoin d’avoir été joueur pour devenir arbitre ?

« Pas nécessairement ! Ça demande peut-être un peu plus de travail en termes d’adaptation, car dans le foot amateur, que ce soit chez les jeunes ou les séniors, ils sont déjà un peu formatés en termes d’éducation sportive. Donc il y a quelques comportements que j’ai dû apprendre à gérer comme la roublardise ou le vice de certains ! »

  • Combien compte-t-on d’arbitres à l’USLD actuellement ?

« En activité, on en a six, plus un arbitre honoraire. Nous étions dix l’an dernier, mais certains ont souhaité prendre du recul et d’autres ont changé de région. Forcément, ça s’est ressenti lors des matchs amicaux cet été. »

  • Comment selon toi peut-on susciter des vocations dans l’arbitrage ?

« C’est le cheval de bataille de toutes les instances. S’il y avait une recette miracle, on se la communiquerait tous pour attirer un maximum de candidats. L’envie d’arbitrer doit venir d’eux. Ca ne doit pas être une contrainte. Si c’est pour faire le nombre ou si la motivation est essentiellement pécuniaire, ce n’est pas l’idéal ! Il faut se prendre au jeu. La meilleure illustration, c’est Dorian Parisse (portrait à retrouver ici) qui est venu à l’arbitrage de lui-même. Il faut réussir à casser les idées reçues sur la fonction d’arbitre. Malheureusement, je pense que c’est d’abord un problème de société, car il y a un conflit avec l’image d’autorité. »

  • De ton côté, qu’est-ce qui te plaît dans l’arbitrage ?

« Ce qui me plaît, c’est d’être un acteur privilégié. D’une certaine manière, on est aux premières loges sur les belles actions. Il y a aussi le fait d’avoir un rôle important  dans l’organisation d’un match. Un match qui se finit sans cartons et où les deux équipes sont satisfaites de la prestation de l’arbitre, ça vaut toutes les meilleures notes des observateurs ! Moi ce qui me plaît, c’est de faire le job, sans influencer une équipe ou l’autre. »

  • Quelles qualités faut-il pour devenir arbitre selon toi ?

« Ce qu’il faut d’abord, c’est avoir une certaine condition physique. Pour ma part, j’ai débuté le sport en même temps que l’arbitrage. Je suis parti de zéro et j’ai développé une condition physique progressivement. Un arbitre qui marche sur le terrain ou qui est 40 m de l’action va forcément se faire contester. Ça va poser problème au niveau de sa crédibilité. Ce qu’il faut aussi, c’est une capacité d’analyse au niveau du jeu, une capacité à faire preuve de pédagogie et de prévention. On n’est pas là pour être constamment dans la répression. J’aime pouvoir échanger après un match, que ce soit avec les joueurs ou même les supporters tant que c’est constructif ! »

  • Si l’argent ne doit pas être la motivation principale, l’arbitrage peut permettre aux plus jeunes de se faire un peu d’argent de poche ?

« C’est sûr. Moi-même lorsque j’étais plus jeune et que je cherchais un petit boulot, on me parlait de passer le BAFA. Et puis j’avais aussi trouvé la possibilité de devenir arbitre ! Ça peut effectivement être un moyen d’arrondir les fins de mois pour un jeune. C’est un plus, mais par rapport à ce qu’on fait, à ce que l’on nous demande, par rapport à ce que l’on subit, ce n’est pas grand chose. »

  • Pour essayer de faire naître des vocations, une journée de l’arbitrage va être organisée au club le 25 novembre. Peux-tu nous dire en quoi ça consiste ?

« Il a été convenu de faire arbitrer les joueurs de l’équipe U16 sur les matchs des équipes U11 ou U13 sur un plateau qui aura lieu le samedi après-midi. On composera des trios qui seront accompagnés de tuteurs, arbitres officiels du club, pour leur faire comprendre la mission d’arbitre et ses complexités ! »

  • 16 ans, c’est un âge auquel on peut se lancer dans l’arbitrage ?

« Tout à fait. On peut commencer à être candidat à l’arbitrage chez les jeunes à partir de treize ans au lieu de quinze auparavant. Le but est d’attirer un maximum de futurs talents, car en commençant aussi tôt, on peut rapidement gravir les échelons en passant par la Ligue puis la Fédération. »

  • Pour conclure, comment convaincrais-tu quelqu’un de se lancer dans l’arbitrage ?

« Je lui dirais que c’est une fonction extrêmement enrichissante. Personnellement, je me suis forgé mon caractère grâce à l’arbitrage. J’ai développé des compétences de management qui me permettent de gérer des conflits au niveau professionnel. L’arbitrage est quelque chose de vraiment formateur. Ça permet de se construire en tant que personne et c’est aussi un sport à part entière. Moi je m’entraîne deux fois par semaine en plus de mon match. on fait des préparations en début de saison,  car on est attendus sur des test physiques et théoriques. C’est un investissement. On est des acteurs à part entière du match et à ce titre là, on se doit de faire le job et de se préparer. Personnellement l’arbitrage me permet de m’épanouir au delà de mon activité professionnelle. »

 

LES ARBITRES DU CLUB :

M’barek AÏT YAHYA
Christophe CLAYES
Christian MOUILLON
Dorian PARISSE
Ludovic VRAMMOUT